48h dans la rue pour les jeunes de la rue

Je suis de retour à la maison depuis quelques jours déjà. Le matin de mon retour on m’attendait avec plein de calins, un café au lait et une bonne douche chaude. Je me sentais exactement comme lorsque je reviens d’un voyage dans un pays dans l’extrême pauvreté. J’était super heureux d’être à la maison et en même temps je me sentais un peu coupable d’en avoir autant.

Je n’avais pas passé la porte de la maison que ma belle grande Alice de 5 ans me disait à quel point elle était fière de son papa d’avoir été si courageux. Il faut parfois seulement 48h hors de notre quotidien pour se rappeler à quel point la richesse ne se trouve pas seulement dans la puce d’une carte de crédit, mais bien dans le regard des gens. Ça m’a amener à me poser une question : Pourquoi je suis si fier d’avoir accompli cette expérience? Parce que c’était sur ma bucket liste avant de mourir? NON!!!!! Parce que j’ai eu du plaisir en malade? NON!!!

J’en suis venu à comprendre que c’est parce que les gens qui m’ont regardé, via les réseaux sociaux, étaient fier de moi, impressionnés par mon initiative, touché par le geste ou me trouvait tout simplement cinglé de faire ça et ceci les a incité à donner pour la cause.

Et si personne ne m’avait regardé, si personne n’avait contribué à ma levée de fonds, si au lieu de m’écrire des messages d’encouragement on m’avait écrit des messages d’insultes, comment je me serais senti? Je pense que j’aurais le sentiment d’être un vrai CAVE! Pourtant le défi et la cause aurait été les mêmes.

Imaginez-vous maintenant, 30 secondes, dans la peau d’une personne qui est assise seule sur le bord de la rue en demandant un peu d’argent. Vous avez peut-être eu une enfance de M**** avec toutes les pires choses qu’on peut s’imaginer ou peut-être que suite a un divorce vous avez tout perdu, même le droit de voir vos enfants. Vous avez peut-être pété un câble après l’annonce du médecin qui vous annoncait que vous aviez une maladie mentale ou vous avez tout simplement commencé à prendre un peu de dope pour le fun mais vous n’avez pas su quand vous arrêter. Peut-être que c’est un mélange de tout ça! Aujourd’hui la réalité c’est que vous n’avez plus de contact avec votre famille, vous êtes en Tabar*** après la vie, la société et tous les gens qui passent dans la rue et qui n’osent même pas vous regarder quand vous leur dites bonjour de peur d’attraper l’herpès grimpant? (Ça existe pas l’herpès grimpant)

J’ai un poste qu’on dit important, je suis directeur général, on m’appelle monsieur, on s’excuse lorsqu’on me pile sur le pied, on m’invite dans plein de soirées où il y a de la bouffe et de l’alcool gratuit…et du jour au lendemain on ne me regarde même pas lorsque je dis bonjour aux gens. Au dernières nouvelles, je suis encore un HUMAIN et je n’ai pas l’herpès grimpant.

Je ne veux pas faire le moralisateur, juste vous demander une faveur. À tous les jeunes de la rue ou les personnes itinérantes que vous allez croiser sur votre chemin, faite juste leur faire un sourire ou leur retourner leur bonjour quand ils vous saluent. C’est des HUMAINS comme vous et moi.

*Cette initiative de passer 48h dans la rue sans argent avait pour objectif d’amasser des fonds pour la cause des jeunes de la rue. En 48h, plus de 3000$ ont été amassés.

Comments are closed.